L’Office de l’ifta tunisien a appelé, dans un communiqué publié jeudi, les bienfaiteurs à aider l’Etat “afin que la Tunisie puisse sortir de la crise économique qu’elle traverse”. La suppression du dit communiqué par son auteur n’a pas empêché le déclenchement d’une polémique sur l’affaire.
« Hommes d’affaires et bienfaiteurs tunisiens, continuez à faire don à votre pays », a déclaré l’office, assurant que “s’engager à aider son pays est un devoir” et qu’en contrepartie “Dieu s’en rappellera”. Rappelant les vertus de la sadaqa, l’Office de l’ifta a souligné à plusieurs reprises la nécessité de porter secours à la Tunisie en ce contexte de crise multidimensionnelle.
Ce communiqué a bien fait réagir les Tunisiens. La toile a critiqué une telle intervention des instances religieuses. Le chercheur scientifique Anas Chebbi, a qualifié cette fatwa de « couverture de corruption ». « Aujourd’hui, (le mufti) a dépassé ses devoirs et a répondu à une demande appelant les gens à aider le gouvernement et non l’Etat ».
L’expert économique Moez Joudi quant à lui, a estimé qu’il aurait été « préférable que le mufti appelle l’État à réduire ses dépenses, son mode de vie, le gaspillage et l’abus des ressources et du domaine public ». « Les hommes d’affaires ont été diabolisés et humiliés, et maintenant ils veulent leur l’argent » a-t-il ajouté.
La porte parle du Mouvement Ennahdha, s’est moqué de cette sortie du mufti en balançant sur Facebook : « le groupe qui craint l’islamisation de l’Etat et craint pour les acquis de l’Etat civil, restez un peu à l’écart, car le Grand Mufti de la République a quelque chose à vous dire ».
