Depuis l’annonce officielle de la maladie du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son hospitalisation en Allemagne, c’est la deuxième tête de l’exécutif, à savoir le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, qui a pris les rênes de la gestion des affaires de l’Etat. Un scénario qui nous renvoie, malgré nous, à un passé pas si lointain.
La dernière apparition publique du chef de l’Etat remonte au 15 octobre dernier. Il est hospitalisé en Allemagne depuis le 28 octobre. Dans un contexte socio-économique quasi apocalyptique et alors qu’il est isolé politiquement et sans socle parlementaire, c’est à Abdelaziz Djerad que revient la charge d’expédier “les affaires courantes” en attendant le retour du patron !
En effet, depuis quelques semaines, le Premier ministre est partout ! Révision constitutionnelle, feux de forêts, Covid-19, Loi de Finances, Crise du Sahara occidental…Lui qui est à l’aise à l’ombre plutôt qu’en lumière essaye, tant bien que mal, de faire front à tous les niveaux.
Cette configuration ressemble étrangement à celle vécue par l’Algérie au temps de Abdelaziz Bouteflika. En effet, suite à son premier accident vasculaire cérébral et son séjour médical au Val de Grâce, c’était Abdelmalek Sellal, alors Premier ministre, qui avait hérité de l’intérim du pouvoir.
Mais face à la gravité de la maladie de l’ancien président déchu, ce qui devait être qu’un “plan B” s’est peu à peu transformé en solution durable jusqu’en 2017. Sellal, aujourd’hui en prison, s’était peu à peu imposé comme l’homme fort du système. Le seul capable de faire l’unanimité entre les différents clans du pouvoir, au point qu’il s’est mis à croire en ses chances de devenir “calife à la place du calife” !
Un Premier ministre non élu qui dirige “officieusement” le pays, ce n’est donc pas une première en Algérie. Mais oser une comparaison entre deux situations diamétralement opposées peut paraître un tantinet simpliste, ne serait-ce que parce que le Hirak est passé par là, en reléguant au rang de “pratiques désuètes” tous les vieux réflexes, qui jusque-là contrôlaient les rouages de l’Etat !
En effet, un président absent pour cause de maladie, qui plus est remplacé sur le pied levé par le chef du gouvernement ! Les algériens sont-ils condamnés à réécouter le même refrain ? Rien n’est moins sur selon les constitutionnalistes et à leur tête l’avocat Reda Deghbar, dont les interventions et les interrogations autour des mécanismes prévus par la constitution pour parer à ce genre de “failles”, ont fini par réveiller les vieux démons de la vacance du pouvoir en Algérie.
