Le monde en plein confinement est sur le point de faire son 100.000e mort. Cependant, le confinement de plus de la moitié de l’humanité semble commencer à porter ses fruits, laissant espérer un ralentissement prochain de la hausse de la mortalité, et une moindre tension pour les systèmes de soins.
Troisième pays le plus touché au monde, l’Espagne a ainsi annoncé vendredi son plus bas nombre de morts quotidiens, avec 605 décès, portant son total à près de 16.000.
Mais malgré l’ouverture des vannes du crédit dans les pays riches, les conséquences de la crise s’annoncent dévastatrices pour l’économie mondiale, en particulier pour les plus pauvres.
Il faut s’attendre aux “pires conséquences économiques depuis la Grande Dépression” de 1929, a prévenu la patronne du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.
A la quête des réponses économiques
Dans ce contexte, la communauté internationale cherche des réponses économiques et diplomatiques à la pandémie, sans toutefois parvenir à surmonter toutes ses divisions.
En Europe, les 27 sont parvenus jeudi à trouver un accord à l’arraché prévoyant 500 milliards d’euros immédiatement disponibles et un fonds de relance à venir d’un montant équivalent. Paris a salué un “excellent accord”, Berlin “un grand jour pour la solidarité européenne” et la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, “un accord novateur”.
Ils n’ont toutefois pas tranché la question brûlante de la mutualisation de la dette, les “coronabonds” destinés à soutenir l’économie à plus long terme, qui divise les pays du nord et du sud de l’UE.
Crise alimentaire
Aux Etats-Unis, la Banque centrale a frappé un grand coup en annonçant 2.300 milliards de dollars de nouveaux prêts pour soutenir l’économie. Et la France a doublé son plan d’urgence, à 100 milliards d’euros.
De leur côté, les principaux pays producteurs de pétrole, Arabie saoudite et Russie en tête, s’efforçaient vendredi de finaliser un accord après être parvenus à une “entente préalable” pour une réduction de production de 10 millions de barils par jour face à l’effondrement des cours provoqué par la pandémie.
Mais dans le reste du monde, la majorité des pays sont démunis face à la crise, et la Banque mondiale a dit craindre une “crise alimentaire” en Afrique.
Déjà à Lagos, le poumon économique du Nigeria, pays le plus peuplé du continent retentit la litanie: “On a faim”.
A l’inverse, au Burundi, la vie se poursuit normalement, bars et églises ne désemplissant pas.
“Soyez sans crainte. Dieu aime le Burundi et s’il y a des personnes qui ont été testées positives, c’est pour que Dieu manifeste sa puissance au Burundi”, a martelé le général Evariste Ndayishimiye, homme fort du parti au pouvoir.
En Inde, les plus pauvres luttent pour survivre. Pour tout repas, “nous avons eu des rotis (pain traditionnel indien, ndlr) avec du sel mélangé dans de l’huile de moutarde”, décrit Rajni Devi, une mère de famille de la périphérie de New Delhi, qui dit s’endormir en pleurs chaque soir.
Période “anxiogène”
Dans cette période “anxiogène”, la première réunion du Conseil de sécurité consacrée au Covid-19, organisée par visioconférence dans la nuit de jeudi à vendredi, a accouché d’une souris.
Ses 15 membres se sont bornés à apporter leur “soutien” au chef de l’ONU Antonio Guterres, sans adopter les mesures fortes espérées par celui qui a qualifié la lutte contre la pandémie de “combat d’une génération”.
L’inquiétude est grande notamment concernant les zones de conflit, où l’accès aux soins est chimérique.
En guerre depuis cinq ans, le Yémen a ainsi annoncé vendredi un premier cas de contamination au nouveau coronavirus, malgré le cessez-le-feu unilatéral annoncé par l’un des camps, la coalition menée par les Saoudiens.
Avec plus de 18.000 décès, l’Italie est toujours le pays au monde comptant le plus de victimes. Les Etats-Unis occupent la deuxième place de ce classement avec 16.478 morts, suivis de l’Espagne (15.843) et de la France (plus de 12.000).
Comme dans l’Etat de New-York, épicentre de la pandémie aux Etats-Unis, l’Espagne, l’Italie et la France relèvent une tendance à la baisse de la tension hospitalière. Partout, les autorités sanitaires appellent à ne pas relâcher les efforts pour autant.
Les soignants de tous les pays continuent de payer un lourd tribut : en Italie, une centaine de médecins ainsi qu’une trentaine d’infirmiers et aides-soignants sont décédés. Au Royaume-Uni, un docteur qui avait sonné l’alarme sur le manque d’équipements de protection pour les soignants a succombé au virus.
