Lakhdar Bouregaa a quitté la prison d’El Harrach. Il est chez lui, parmi les siens.  Il est à nouveau dans le Hirak où il a été constamment présent depuis son arrestation fin juin 2019 . Ses premiers mots ont été pour  le “hirak populaire qui doit se poursuivre, car c’est une révolution des jeunes qui a impressionné le monde et sert d’exemple”. Le vieux combattant devenu l’icône du Hirak a promis de faire une “petite omra à la Grande Poste” dans laquelle il voit un “symbole de liberté”. 

La “Grande Poste” qui a été souvent présentée par les complotistes et les médias du régime comme étant un lieu de sombres manipulations du Hirak, le vieux combattant y voit un symbole vers lequel les manifestants affluent et se rencontrent pour une Algérie libre et une Algérie des libertés. Ces mêmes médias qui avaient osé, le jour de son arrestation, mettre en doute son glorieux passé révolutionnaire en parlant d’usurpation d’identité.

Une ignominie qui a fait sortir l’Organisation nationale des moudjahidines (ONM) de ses gonds en menaçant de recourir à la justice contre ceux qui diffusent des mensonges sur le passé révolutionnaire de Lakhdar Bouregaa. ” Les compagnons d’armes du moudjahid Si Bouregâa sont unanimes à témoigner de sa distinction dans la direction des combats” avait indiqué l’ONM en précisant qu’il a été promu Bouregâa capitaine puis commandant et responsable de la zone II (Blida) en 1960, et qu’il était très proche du commandant de la wilaya IV, Si Djilali Bounaâma qui l’a désigné membre du conseil de cette wilaya.

Un détenu encombrant

Les vives réactions suscitées par ces falsifications ont amené les TV a abandonné ce terrain qui a été repris sur les réseaux sociaux par des pages distillant la haine ou par l’insipide Naïma Salhi qui a encore repris ces âneries contre Lakhdar Bouregaa. Mais plus gravement, l’arrestation et la mise en détention de Lakhdar Bouregaa a constitué un tournant en matière de répression contre le Hirak.

Le régime envoyait un message dur au Hirak sans comprendre qu’il venait de commettre une faute qui ne fera que renforcer la détermination des manifestants. Bouregaa et les autres détenus d’opinion sont devenus des icônes du mouvement dont les noms sont scandés tous les vendredis et tous les mardis. L’attitude de défi de Bouregaa, son refus de reconnaître une “justice qui émane d’un pouvoir illégitime (…) qui obéit aux injonctions du téléphone” ont suscité l’admiration et la fierté des manifestants. Lakhdar Bouregaa, privé de liberté, était un détenu bien encombrant. Un indomptable.